Trois militants d’Act up arrêtés lors du discours de Sarkozy alors
qu’ils tentaient de protester contre un candidat UMP, condamné pour
homophobie, qui se présente aux municipales de Tourcoing
Présent lors du Conseil National de l’UMP samedi dernier, où Nicolas
Sarkozy recevait son « ami » Tony Blair je n’avais pas bien compris
l’action de quelques militants d’Act up. En plein discours du Président
Sarkozy, trois militants énervés s’étaient levés dans les tribunes
réservés à la presse, hurlant des slogans inaudibles et brandissant des
pancartes pas très lisibles. Vite ceinturés et muselés par le service
d’ordre, ils furent évacués de la salle sous les moqueries du Président
Français.
Après le meeting j’apprenais que les militants avaient été placés en garde à vue et qu’ils protestaient en fait contre l’investiture par l’UMP du tristement célèbre, Christian Vanneste aux prochaines élections municipales de Tourcoing.
Voici l’histoire : Christian Vanneste
déclarait en 2006 que l’homosexualité était « inférieure à
l’hétérosexualité », et que si « on la poussait à l’universel », elle
serait « dangereuse pour l’humanité ». Ces propos avait valu à
Christian Vanneste une condamnation du tribunal correctionnel de Lille
pour homophobie, en janvier 2006, peine qui s’était vue confirmée en
appel un an plus tard. Nicolas Sarkozy avait à l’époque condamné «
fermement », et l’UMP décidé de ne pas investir Vanneste aux
législatives. C’est « la plus grande sanction de sa famille politique »
avait alors répondu Luc Chatel, porte parole de l’UMP, à ceux qui
réclamaient son exclusion pure et simple du parti. Dont acte.
Seulement voilà, c’est bien sous l’étiquette CNI-UMP qu’il s’est
présenté dans le Nord en juin dernier. Et plus important, il a gagné.
Or le parti, qui ambitionne de ravir au PS la tête de la Communauté
Urbaine de Lille, a fait de la prise de la Mairie de Tourcoing un enjeu
majeur des municipales dans le Nord. Plus question alors de s’encombrer
de l’homophobie du candidat et de la parole donnée, c’est sans complexe
que l’UMP choisit Vanneste pour cette mission. Lors du Conseil National
de ce week end, c’est sans complexe que Sarkozy lance avec mépris, « ça
fait des années qu’ils protestent et ça ne sert à rien », « il n’en ont
trouvé que 2, dans un pays de 64 millions d’habitants, y’a plus que ça
! »…
A gauche, la porte-parole du groupe socialiste à l’Assemblée,
Aurélie Filippetti se déclare scandalisée. « Il est inadmissible que
des responsables politiques condamnés pour des propos homophobes,
puissent encore prétendre, dans notre pays, à un mandat politique », et
elle poursuit à propos de l’incident qui a eu lieu lors du Conseil
National de l’UMP, « je suis extrêmement choquée aussi que le Président
de la république ait cru bon d’humilier des militants d’Act up qui
l’interpellaient ».
La députée de Moselle s’indigne également de ce que le secrétaire
général adjoint de l’UMP, Dominique Paillé, puisse aujourd’hui louer «
les qualités d’homme, les convictions personnelles, l’énergie et la
clairvoyance » d’un homophobe avéré, condamné et désavoué par la classe
politique. L’argument de Paillé ? « Les électeurs de Tourcoing lui ont
renouvelé leur confiance très largement lors des législatives. » Il a
été condamné ? « Le juge en matière électorale, ce sont les électeurs. »
Peut être ces derniers l’entendront-ils en mars.
John Paul Lepers, Joseph Hirsch
Images: Bedredine Medjoubi
Montage: Jane Schinasi
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